Written by 0 h 00 min Pédagogie, Travail

Travail

2016-2017

 
 

Travail

Ce livre est le résultat d’un travail collectif réalisé par des étudiants et des enseignants sur l’implication politique de l’architecture et la production de la réalité. Il s’agit d’interroger la fonction politique de l’architecture et son rôle dans la construction de nos sociétés. Comment l’architecture est-elle utilisée pour imposer un ordre dans nos vies ou dans celles des autres ? De quelle manière est-elle utilisée pour organiser les relations spatiales et sociales ? Et avec de telles connaissances, comment les architectes peuvent-ils structurer leur pratique sur la base de préoccupations politiques ?

Ces questions ont été le point de départ des travaux réalisés au cours du semestre. Chaque année, l’implication politique de l’architecture est abordée à travers différentes questions : L’architecture et le capitalisme, l’articulation entre la guerre et l’architecture et maintenant l’architecture et le travail.

Un symposium a été organisé à Chicago, avec la participation de chercheurs, philosophes, urbanistes, économistes, sociologues, cinéastes… Organisé par deux, les étudiants ont reçu un texte traitant de la question du Travail pour la comprendre globalement. Une fois analysé, ce texte a fourni un point d’entrée à la compréhension du Travail et a été présenté lors du Symposium.

Loin de la “routine”, le voyage à Chicago nous a permis de découvrir un processus de travail intense et ciblé en tant que collectif. En changeant le lieu de travail, le processus de travail a changé.

Le symposium a été un moment de réflexion collective autour de la question du travail. Le mélange de personnalités, d’âges différents, d’expertise et de non expertise nous a permis de travailler dans un état d’esprit particulier et ce moment de réflexion partagé a été très bénéfique à notre compréhension du Travail.

Travailler en collectif était pour nous une nouvelle expérience. Tout au long de cet atelier, les étudiants présentaient au groupe l’avancement de leurs investigations, bénéficiant d’un retour d’information constant. Cette dynamique a initié une relation horizontale et une prise de décision collective.

Dix-sept personnes mais un seul cerveau travaillant sur la même question : Le Travail.

Sur la base de la lecture de chaque texte, les élèves ont ensuite conçu une réflexion d’ensemble liée aux problèmes et préoccupations actuels du travail. La cohérence entre la lecture et le projet architectural produit était la principale intention pédagogique de ce studio. Les projets proposés abordaient à la fois l’échelle mondiale, avec ses préoccupations politiques, sociales et économiques, et l’échelle domestique, afin de comprendre les conséquences spatiales d’une pensée de la totalité. Après avoir conçu un ordre mondial et un système politique, les étudiants devaient le détailler à l’échelle d’un bâtiment : matériaux, fenêtres, portes, lumière, chacun des choix architecturaux devait être lié à l’ordre mondial préalablement imaginé.

Ce travail relie un processus de recherche et un processus de projet, celui-ci étant l’angle sous lequel les architectes ont conçu la production de la réalité.

Les étudiants.

Les travaux présentés ici et la pédagogie qui les anime ne sont pas des activités de l’association. En savoir plus

1 – Un nouveau contre pouvoir (A New Counter Power)

Marjorie Casez & Lisa Chaneac

Le monde du travail actuel est défectueux. Il y a un grand déséquilibre entre le capitaliste et le travailleur.  Lorsque Marx écrivit Wage Labor and Capital, son but était d’expliquer aux ouvriers les conditions de fonctionnement du système capitaliste et les tords qu’il leur causait afin qu’ils puissent s’unir et se révolter pour changer le système. 
Comment peut on syndicaliser la population sans interaction physique ? 
Que se passerait-il une fois que les personnes sont entrées en contact les unes avec les autres ? 
En urgence, l’application Uber est piratée par des chauffeurs Uber.  Les informations récoltées sont révélées sur internet, sur Facebook et les forum Uber pour connecter les chauffeurs entre eux. La presse couvre l’évènement et propage l’information. Anonymous, et des cyber-activistes comme le Telecomix club ou le Chaos computer club reprennent l’idée et piratent d’autres sites d’entreprises afin de fuiter les données sur internet.  Les nouveaux syndicats en retour protègent les hackers. 
Dans un monde où le néolibéralisme et l’extrême-droite sont renforcés par la paupérisation des travailleurs, une défense doit être mise en place. 
Face à la privatisation de la santé, de l’éducation et à la disparition des droits, une contre-mesure doit voir le jour.  Si “Une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier. ” et si les gouvernements et les lobbies sont préparés, alors les citoyens doivent se tenir prêts.

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2 – La disparition du travail (Work is Disappearing)

Tom Leblais & Albin Maury

Aujourd’hui, il y a deux fois plus d’employés qu’en 1850. […] le travail est devenu l’emploi. La révolution industrielle a également permis une fragmentation du travail et une simplification des tâches. Cela a rendu possible le remplacement des travailleurs par l’automatisation. L’automatisation est un phénomène mondial excluant doucement de l’équation les travailleurs. 

Et si la disparition du travail n’était pas un problème mais une opportunité ?

La lettre de Georges Bataille à Kojève au sujet de la négativité sans emploi nous aide à penser différemment et à voir la fin du travail comme une opportunité.

Pour nous, la négativité sans emploi est un moyen de voir le potentiel résidant dans la fin du travail. 

La possibilité d’un monde sans travail va à l’encontre de l’idée de plein emploi, idée sur laquelle notre société est construite, niant ainsi les aspects positifs de la fin du travail. 

Et si nous pouvions amener les gens à un état de négativité sans emploi par un système qui permettrait progressivement la disparition du travail ?

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3 – Le travail détruit la vie (Work is Destroying Life)

Balkis Alnahhas & Laurent Tabour

Aujourd’hui, le travail détruit nos vie. La question est donc, comment pouvons nous profiter de cette situation ? 

De nos jours, nombreux sont les problèmes de santé causés par le travail.La technologie pourrait être une solution pour moins travailler, mais le suicide et la dépression sont fortement liés avec la perte d’un travail. Donc comment pourrions-nous résoudre cette crise? 

David Graeber, un anthropologue anarchiste écrit sur ce sujet avec une nouvelle approche dans son texte On the Phenomenon of Bullshit Jobs. Il introduit une notion qui pourrait bien résoudre une partie de ce problème. Selon lui, une augmentation de la technologie devrait être directement liée à une baisse du temps de travail. Il propose la notion de “bullshit jobs”. Globalement ce sont des jobs qui sont pensés comme étant sans intérêt par les personnes l’exerçant. C’est donc vraiment une notion subjective. 

Donc que se passerait-il si l’on supprimait tous ces “bullshit jobs” dont nous parle David Graeber?

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4 – Un monde de transparence (A world of Transparency)

Arthur Kaidi & Pauline Tiffon

Aujourd’hui le monde du travail est divisé à différents niveaux. Le plus gros problème dans les usines aujourd’hui est la division des tâches qui cause l’inhabilité aux employés d’avoir conscience de ce qu’ils font.

Pachirat utilise l’abattoir comme une métaphore pour notre société qui est divisée à différents niveaux et pour montrer les conséquences de cette division des taches dans l’industrie.

Nous avons choisi la notion de «politique de la vue» et de «visibilité» pour créer un nouvel ordre mondial. Il ne doit y avoir aucun secret entre les États et les populations. Maintenant la vie privée est définie par : toutes les données personnelles que vous n’êtes pas disposé à partager en ligne seront considérées comme totalement privé. Si tout le monde peut être informé, peut décider et voter pour les décisions du gouvernement, chaque partie de la population sera considérée et représentée. Wikileaks publie des informations secrètes sur des cas de corruption, d’espionnage, des violations des droits humains dans de nombreux pays. Imaginez un monde où chaque citoyen peut avoir accès à toutes les données n’importe où !

Comment mettre fin à la séparation des tâches et introduire de nouvelles valeurs et une réelle contribution aux travailleurs?

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5 – Les mains inutiles (Useless Hands)

Massimo Bettega & Emma Vernet

Une nouvelle organisation du travail est nécessaire ! 
Aujourd’hui, la tête est bien mieux payée que la main. De manière générale, on peut dire que les compétences intellectuelles et manuelles, qui dépendaient l’une de l’autre, divisent maintenant le travail de la « tête » et de la « main ». Et ce n’est pas seulement parce que le travail manuel et l’artisanat sont sous-évalués, mais parce qu’ils sont en train de disparaître. Nous avons besoin d’une nouvelle manière de travailler, d’un nouveau monde où la tête et la main sont connectées et ont la même valeur.
Est-ce qu’un monde moins productif pourrait incarner cette reconnection ?
Nous réformons les conditions de travail en créant des espaces où tous les gens sont libres de venir travailler quand ils le veulent. Tous les bénéfices des ventes des objets recyclés seront partagés équitablement entre les travailleurs selon leur nombre d’heures. Ainsi, nous arrêtons la compétition entre les travailleurs en créant un système où ils ne sont payés ni pour leurs compétences, ni pour leur talent. Et où il n’y a pas de différente faite entre les temps de production et les temps d’apprentissage. 
Le but de ce système n’est pas seulement d’offrir aux gens une alternative agréable et rémunérée à leurs emplois traditionnels, mais aussi d’influencer les structures existantes, qui seront forcées de changer leurs conditions de travail, afin de ne pas perdre tous leurs employés.
En conclusion, ce système commence par reconnecter les gens entre eux afin de changer le monde du travail. En reconnectant les gens nous pensons que ça générera d’autres changements et des révolutions potentielles.

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6 – L’Empire d’Après (After Empire)

Ulysse Hammache & Seungjea Yi

La notion de ressource naturelle, par sa définition-même qui l’associe à un processus de production et de transformation, ne peut être dissociée de la notion de travail.

Comment, dès lors, imaginer une organisation du travail dans un monde sans ressources naturelles? 

Le travail immatériel, par lequel les productions ne sont plus matérielles, mais de nouvelles interactions sociales elles-mêmes. Le produit économique du travail immatériel devient donc immédiatement de fait biopolitique. La Multitude est l’ensemble des personnes à l’intérieur de l’Empire qui, par leurs réflexions, organisation et leurs multiples connexions sont tout à la fois à l’origine de sa forme actuelle et en même temps à même de le menacer depuis l’intérieur. 

Nous avons imaginé ce que pourrait être la vie dans un nouvel ordre mondial à partir de ces questions, à travers la vie d’Anna. Anna est une jeune graphiste. Ce matin, elle se lève et mange une pomme de son jardin ainsi qu’un oeuf de ses propres poules. Tout en déjeunant, elle allume son ordinateur et regarde les informations. Mais soudain, un événement imprévu arrive ! Son ordinateur s’éteint…

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7 – (Labor vs Lucrative porperty)

Juliette Thiant & Romain Venet

Quelles sont les valeurs associées au travail ? Tout le monde en parle, particulièrement en période électorale. Tous donnent au travail différentes valeurs, c’est pour eux c’est un moyen de définir la société, et on peut lui attribuer des valeurs très différentes. Cela implique des motivations au travail très différentes : nous pouvons travailler pour rendre «America great again », nous pouvons travailler uniquement pour des intérêts personnels, ou pour enrichir nos connaissances. Nous pouvons aussi travailler pour la gloire de Dieu.
La question est pourquoi ? Selon la thèse de Weber : qui travaille encore pour la gloire de Dieu ? Pourquoi travaillons nous plus que nécessaire ? 
Aujourd’hui, notre société capitaliste n’autorise qu’une valeur attribuée au travail : celle de nécessité pour survivre. Il est temps de changer cela. 
Comment pourrions créer les conditions permettant de nouvelles motivations et de nouvelles valeurs au travail ?

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8 – (Earn your Money, Earn your Living)

Aurel Dony & Sara El Alaoui

Le travail est une exigence pour les individus pour avoir accès aux moyens de subsistance dont ils ont besoin pour survivre. Il faut «gagner sa vie» en participant à une forme quelconque de travail rémunéré. C’est une fabrication humaine. Ce qui crée un problème dès lors que tous les êtres humains ne participent pas à ce système. Il n’existe aucun pays à taux 0 de chômage. En outre, pour ceux qui ont effectivement un emploi, le but premier reste de gagner un maximum d’argent. En général, nous faisons des travaux qui payent bien mais que nous n’aimons pas. 

Est-ce notre condition humaine d’exister de cette manière, en tant que travailleurs ? 

Dans La condition de l’homme moderne, Hannah Arendt définit les activités humaines selon le concept de la vita activa ou vie active. Ce concept est composé de trois modes à savoir, le travail , l’oeuvre et l’action ; ces trois modes sont les trois conditions de base dans lesquelles la vie est donnée à l’homme sur Terre. 

Il est important de souligner que toutes ces activités sont soumises à l’argent et à notre système économique et monétaire actuel. 

En quoi la refonte du système monétaire impacterait-elle le monde du travail?

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Le présent ouvrage a été édité uniquement en anglais et intégralement produit par l’atelier :
Balkis Alnahhas, Massimo Bettega, Marjorie Casez, Lisa Chanéac, Aurel Dony, Sara Elalaoui, Ulysse Hammache, Arthur Kaïdi, Tom Leblais, Albin Maury, Laurent Tabour, Juliette Thiant, Pauline Tiffon, Romain Venet, Emma Vernet, Seungjea Yi & Manuel Bello-Marcano, Xavier Wrona

Liseuse pdf en cours d’intégration (prochainement)

Sommaire

19 – Débats

– A propos de la réforme des moyens de production
– A propos du travail par les travailleurs
– A propos d’un monde sans travail

23 – Documents

– Extraits du code du travail
– Extraits de la loi El Khomri

37 – Exposition

41 – Glossaire

55 – Conférence d’Aaron Betsky

75 – Lettre

77 – Architecure passeport – Balkis Alnahhas

85 – Photographies

87 – Tableaux
99 – Voyage à Chicago
117 – Conférence d’Aaron Betsky
121 – Bâtiment politique
141 – Ambiance de travail
151 – Symposium
163 – Workshop

173 – Préface

175 – Note from Jean-Luc Bayard
177 – Pour une nouvelle discipline des sciences sociales : L’architecture et la pensée des totalités – Xavier Wrona

193 – Editorial – Etudiants

205 – Projets

207 – After Empire
232 – A New Counterpower
287 – A World of Transparency
341 – All lifes deserves Payement
397 – Earn your money, Earn your living
457 – Useless Hands
507 – Work is disappearing
603 – Work is destroying life

665 – Articles du Symposium

667 – Slaughterhousing the world
683 – Architecture et développement durable
697 – Pigritia vs Trepalium. Quel ordre soci-spacial sans le travail ? Pour le droit à la paresse
713 – The self-over coming of labor : beyond capitalism
725 – The ambiguous politics of sweat equity
739 – International divison of labor and production of a global space
755 – The arts and our social fabric
763 – Thoughts on the new entrepreneur

769 – Réferences

773 – Symposium

775 – Programme

969 – Textes

1025 – Webography

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Last modified: 7 décembre 2020
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